Le professeur Marcelin Joanis |
Photo : Michel Caron |
8 janvier 2009
Annik Gareau
Au Québec, comme partout à travers le monde, la crise économique est le sujet de l'heure. Certaines personnes sont déjà touchées par des pertes d'emplois ou la décroissance de leurs investissements, et les experts prévoient des moments difficiles en 2009. Sur le Campus principal de l'Université de Sherbrooke, quelques étudiants rencontrés se disent indifférents face à cette crise dont tout le monde parle. Ont-ils raison de ne pas s'inquiéter? Selon Marcelin Joanis, professeur au Département d'économique, les étudiantes et étudiants sont les mieux placés pour faire face à une récession.
Le premier effet de la crise financière a été le «dégonflement des épargnes», notamment à cause de la chute de la Bourse. Mais rares sont les étudiants qui ont des placements. Par contre, ceux dont les parents ont épargné pour financer leurs études peuvent en être affectés, reconnaît le professeur Joanis. «Quant aux étudiants qui ont recours aux prêts ou aux marges de crédit, à court terme, certains pourraient avoir plus de difficulté à trouver le financement nécessaire à leurs études», dit-il. En effet, le resserrement du crédit se fait de plus en plus sentir partout dans l'économie. «Par contre, il y a présentement une tendance à la baisse du taux directeur de la Banque du Canada, ce qui normalement tire à la baisse tous les taux d'intérêt dans l'économie, explique le professeur. Alors, il y a fort à parier que d'ici quelques mois, on va ressentir les effets concrets des taux d'intérêt à la baisse, qui devrait faciliter l'accès aux ressources pour les étudiants.»
«Les étudiants à temps partiel ou les étudiants qui utilisent leurs revenus de travail actuel pour financer leurs études risquent d'être affectés, selon le secteur dans lequel ils travaillent», prévient Marcelin Joanis. Un des secteurs où beaucoup d'étudiantes et d'étudiants travaillent, c'est le secteur de l'alimentation. «Ce secteur est réputé non cyclique. Il faut manger quoi qu'il arrive, dans les bonnes périodes comme dans les moins bonnes. Les étudiants qui travaillent dans les entreprises manufacturières risquent d'être touchés», explique Marcelin Joanis.
Le Québec et le Canada connaissent un début de ralentissement en ce qui concerne le marché de l'emploi. Le secteur de l'automobile est déjà durement touché. Selon l'économiste : «La première source d'inquiétude pour les étudiants devrait être les effets du ralentissement économique sur le marché de l'emploi à la sortie de leurs études.» Face au ralentissement économique, les entreprises vont voir leurs besoins en main-d'œuvre diminuer et les finissants risquent d'avoir de la difficulté à se placer, selon les secteurs.
«Cela dit, les problèmes temporaires liés au ralentissement économique sur le marché du travail devraient être compensés à moyen terme par les effets des pénuries de main-d'œuvre engendrées par les départs à la retraite des baby-boomers, poursuit le professeur. À court terme, les pénuries de main-d'œuvre vont être amorties par le ralentissement économique, mais je suis convaincu qu'à moyen terme, les pénuries liées au vieillissement referont surface.»
Et qui dit pénurie de main-d'œuvre dit bonnes perspectives d'emploi à long terme pour les étudiants et aussi des salaires qui devraient rester relativement élevés. Et pour les diplômés qui se trouveront du travail, l'accès à la propriété pourrait être favorisé par l'émergence d'un marché immobilier favorable aux acheteurs.
Ce n'est peut-être pas un bon moment pour investir dans les marchés financiers, mais c'est l'occasion d'investir dans le capital humain, estime Marcelin Joanis. «Si vous vous rendez compte que dans votre domaine les perspectives d'emploi sont un peu moins bonnes à cause du ralentissement économique, c'est peut-être le moment de penser à allonger vos études. Ou si vous hésitiez à faire une maîtrise, faites-en donc une!» dit-il à l'attention des étudiants. En effet, pourquoi ne pas tirer profit du fait que les entreprises ont moins de demandes à court terme pour parfaire notre capital humain? D'autant plus que les secteurs d'avenir au Québec sont les secteurs qui demandent des travailleurs hautement qualifiés. Le message clef de Marcelin Joanis est clair : «C'est le meilleur moment pour être à l'université et investir dans sa matière grise!»
Néanmoins, un des risques pour le système d'éducation, c'est l'impact de la crise sur les finances publiques. «Si le ralentissement économique devait perdurer et que les gouvernements devaient avoir des chutes de revenus importantes, ce ne serait pas étonnant qu'il y ait éventuellement des compressions au niveau du système d'éducation. Ça pourrait avoir un impact sur les frais de scolarité, sur les programmes d'aide financière et, en général, sur le financement de l'éducation.»
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